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Le lieu (dit) de la nation: essai d'argumentation à partir d'exemples puisés au cas québécois*

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Jocelyn Létourneau
Affiliation:
CÉLAT, Université Laval, avec la participation d'
Anne Trépanier
Affiliation:
CÉLAT, Université Laval, avec la participation d'

Abstract

In this article we seek to find a way out of the antinomic debate pitting the advocates of the substantialist thesis against those who defend constructivist theories regarding the nation as a “place so named” (lieu dit). Using examples from the case of Quebec—with a view to illustrating a line of argument much more than establishing an empirical interpretation—we attempt to reconcile perspectives from a semantic of action with those from a pragmatic of action within the framework of a theory-in-progress of narraction.

Résumé

On cherche dans cet article à sortir du débat antinomique opposant les partisans de la thèse substantialiste et les adeptes des théories constructivistes relativement à l'analyse de la nation comme lieu dit. À partir d'exemples puisés au cas québécois, moyen d'illustrer une argumentation beaucoup plus que de fonder empiriquement une interprétation, on tente de réconcilier les perspectives complémentaires d'une sémantique de l'action avec celles d'une pragmatique de l'action dans le cadre d'une théorie en devenir de la narraction.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1997

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References

1 Parmi les auteurs et les ouvrages qui ont particulièrement inspiré les débats, mentionnons Anderson, Benedict, Imagined Communities: Reflections on the Origins and Spread of Nationalism (Londres: Verso, 1993)Google Scholar; Bhaba, Thomi K., Nation/Narration (Londres: Routledge, 1990)Google Scholar; Breuilly, John, Nationalism and the State (Manchester: Manchester University Press, 1982)Google Scholar; Gellner, Ernest, Nations et nationalisme (Paris: Payot, 1983)Google Scholar; Greenfeld, Liah, Nationalism: Five Roads to Modernity (Cambridge: Cambridge University Press, 1992)Google Scholar; Hobsbawm, Eric, Nations and Nationalism since 1780 (Cambridge: Cambridge University Press, 1990)Google Scholar; Hobsbawn, Eric et Ranger, Terence, dir., The Invention of Tradition (Cambridge: Cambridge University Press, 1983)Google Scholar; Schnapper, Dominique, La communauté des citoyens. Sur l'idée moderne de nation (Paris: Gallimard, 1994)Google Scholar; Smith, Anthony D., Theories of Nationalism (Londres: Duck-worth, 1983)Google Scholar; Smith, Anthony D.The Ethnic Origins of Nations (Oxford: Basil Blackwell, 1986)Google Scholar; et Smith, Anthony D., National Identity (Harmondsworth: Penguin Books, 1991).Google Scholar

2 Voir les sept volumes publiés sous la direction de Nora, Pierre et Général, Portant le TitreLes lieux de la mémoire (Paris: Gallimard, 19841993).Google Scholar Plus près de nous, voir l'ouvrage de Dumont, Fernand, Genèse de la société québécoise (Montréal: Boréal, 1993).Google Scholar

3 Précisons dès maintenant un point capital. Nous définissons dans ce travail les termes de peuple, de pays et de nation à partir des postulats que nous offre le sens commun plutôt que comme des notions techniques ou juridiques liées à l'existence de systèmes politiques constitués et institués par le droit dans l'État. Par exemple, nous entendons par peuple une communauté d'hommes concrets réputés partager un certain nombre de coutumes, d'institutions, de référents, de codes, etc., plutôt qu'un ensemble de sujets disposant de droits civiques ou politiques. De même en ce qui a trait à l'idée de nation: dans notre esprit, celle-ci désigne un groupe d'hommes auxquels on suppose une origine commune, qui se caractérisent apparemment par la conscience de leur unité et à qui l'on prête une volonté de vivre en commun. Nous restons tout à fait à l'écart du débat relatif à l'émergence historique de la nation comme forme de transmutation de groupes prémodernes d'appartenance et de référence (la famille, la tribu, le clan, l'ethnie, l'ordre, etc.) dans l'État et formant, en tant que société civile, l'espace démocratique moderne. Enfin, nous entendons par pays un territoire habité par une collectivité de personnes censées former un peuple ou une nation. En ce sens le pays est un lieu mémoriel bien avant, ou tout autant, qu'il ne coincide avec les frontières reconnues d'un Etat ou d'une circonscription juridique. Pour les besoins de notre argumentation, nous distinguons analytiquement les notions de société, de collectivité et d'État de celles de peuple, de nation et de pays en sachant fort bien qu'en pratique les acteurs ne le font pas et vivent ces réalités sur un mode tantôt complémentaire, tantôt contradictoire. Avouons-le, c'est d'ailleurs dans la tension inhérente au paradoxe et à l'ambivalence du citoyen-patriote et de la raison-sensible que l'homme définit sa condition et qu'il trouve et fonde son véritable lieu.

4 Ces nihilistes sont de deux clans. Le premier regroupe ceux qui nient l'existence des nations en rejetant carrément l'idée que cette catégorie analytique puisse avoir une quelconque pertinence descriptive et done renvoyer à une certaine réalité historique, fut-elle textuelle ou factuelle. Ceux qui prétendent que le Québec est une province comme les autres et qu'elle n'a rien d'une nation, lieu d'ailleurs réputé de néant identitaire, appartiennent à ce clan. L'autre clan rallie ceux qui se rattachent au courant transculturaliste dont l'un des principes est de définir ou d'imaginer l'acteur individuel comme un migrant perpétuel au sein d'un hyperespace cosmopolite tout entier fondé sur une espèce de rectitude politique jusqu'au-boutiste où Chacun n'existe toujours que comme un Autre. Utopie d'intellectuels désenchantés ou coquetterie d'internautes en mal de distinction, c'est comme on voudra, les transculturalistes, qui ont cette manie de se définir en tant que devanciers d'un monde à venir par rapport aux nationalistes-porteursd'une-représentation-archaïque-de-la-communauté-politique, sont trahis par le monde qui les entoure et, peut-être aussi, par leur postulat idéaliste d'un monde sans frontière.

5 Le lecteur doit être informé du fait que, dans cette description que nous venons de faire d'une position discursive, voire d'un complexe discursif, touchant à la nation, nous n'avons rien inventé. Nous n'avons pas construit d'épouvantails fictifs pour les démolir ensuite à notre guise. En « radiographiant » le discours social, et nous l'avons fait en détail dans le cas des mémoires déposés devant la commission Bélanger-Campeau, nous pourrions faire ressortir cent fois plutôt qu'une la justesse de nos descriptions concernant l'existence de débatteurs typés qui, précisément parce que leurs propos sont simples et faciles à recycler dans l'espace public, favorisent la polarisation des vues sur la question de la nation. Nous épargnerons au lecteur une litanie de citations qui ne ferait qu'alourdir un texte déjà long. On trouvera matière à s'alimenter en énoncés dans les travaux suivants: Jacinthe Ruel, « Entre la rhétorique et la memoire: usages du passé dans les mémoires déposés devant la commission sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec (1990) », dans Jewsiewicki, B. et Létoumeau, J., dirs., L'Histoire en portage. Usages et mises en discours du passé (Paris: L'Harmattan, 1996), 71101Google Scholar; J. Létourneau et J. Ruel, « Nous Autres les Québécois. Topiques du discours franco-québécois sur Soi et sur l'Autre dans les mémoires déposés devant la commission Bélanger-Campeau », dans Fall, K. et al., dirs., Mots, représentations. Enjeux dans les contacts interethniques et interculturels (Ottawa: Presses de l'Université d'Ottawa, 1994), 283307Google Scholar; et « Index thématique du contenu des mémoires déposés devant la commission Bélanger-Campeau », établi par J. Ruel, sous la dir. de J. Létourneau, 2 tomes, respectivement 321 p. et 185 p.

6 Nous apportons cette précision qui peut sembler superflue parce que l'idée voulant que la nation empêche l'expression démocratique ou, a contrario, que la nation est un trou noir, c'est-à-dire qu'elle absorbe tout ce qui passe dans son orbite, est fort répandue chez les débatteurs. Nous ne logeons pas à ces enseignes ni ne croyons qu'il s'agit de positions valables pour aborder le cas québécois.

7 C'est ce projet qu'a certainement poursuivi Fernand Dumont dans sa Genèse de la sociètè québécoise. Malgré l'intérêt de son argumentation, celui-ci, à l'instar de tant d'autres avant lui, a échoué à sortir d'une vision fermée de la nation. C'est cette vision qui l'a amené, en conclusion de son livre, à recourir au paradigme téléologique de la nation inachevée pour appeler le citoyen québécois à devenir responsable d'une histoire héritée… à continuer. Voir le compte rendu que nous avons commis de son livre dans la Revue d'histoire de l'Amérique française 50, 1 (1996), 110–15.

8 Jézéquel-Dubois, Myriam, « Les distorsions de notre représentation du temps », Discours social/Social Discourse 8, 1–2 (1996), 1124.Google Scholar Précisons que l'auteur ne s'intéresse pas à proprement parler, dans son article, à la question de la société ou à celle de la nation. Nous reprenons tout simplement à notre compte certaines formulations heureuses auxquelles elle parvient en les mobilisant aux fins de notre argumentation.

9 Pour un exemple éloquent, désespérant par son caractère résolu, d'un tel refus de voir l'histoire autrement que sous l'angle d'un éternel combat entre Français et Anglais, les premiers étant apparentés a des héros et les seconds a des vilains, des « exploiteurs » contre « des hommes de tête, de coeur et de principes », et leurs descendants pareils, et les héritiers de ces descendants portant les mêmes stigmates que leurs ancêtres, voir Legault, Josée, « La mémoire refusée », Le Devoir, 23 octobre 1996Google Scholar, A-8.

10 Green, Nancy L., « Classe et ethnicité, des catégories caduques de l'histoire sociale? », dans Lepetit, Bernard, dir., Les formes de l'expérience. Une autre histoire sociale (Paris: Albin Michel, 1995), 165–86.Google Scholar

11 Le lecteur aura compris que nous nous inspirons ici des travaux de Habermas, Jürgen, notamment son ouvrage Théorie de l'agir communicationnel, 2 tomes (Paris: Fayard, 1987)Google Scholar, sans prétendre toutefois utiliser les concepts centraux de sa sociologie, de sa philosophie et de son éthique dans leur acception intégrale ou dans leur richesse infinie. Voir aussi les travaux de Deutsch, Karl, en particulier son Nationalism and Social Communication: An Inquiry into the Foundation of Nationality (Cambridge: MIT Press, 1966).Google Scholar

12 Voir, à ce sujet, l'article de Lalonde, Michel, « Sur Niklas Luhmann: l'être et la société comme résolution des problèmes », Société (Montréal) 14 (1995), 134.Google Scholar Voir aussi Elias, Norbert, La société des individus (Paris: Fayard, 1991 [1987]).Google Scholar

13 Jenson, Jane, « Naming Nations: Making Nationalist Claims in Canadian Political Discourse », Canadian Review of Sociology and Anthropology 30 (1993), 337–58.CrossRefGoogle Scholar

14 À ce sujet, voir l'ouvrage fondamental de Tort, Patrick, La pensée hiérarchique et l'évolution. Les complexes discursifs (Paris: Aubier, 1983).Google Scholar

15 Eco, Umberto, Les limites de l'interprétation (Paris: Grasset, 1992).Google Scholar

16 À ce sujet, voir les travaux de Amselle, Jean-Loup, notamment Logiques métisses (Paris: Payot, 1990)Google Scholar, et l'ouvrage publié sous la direction de Sollors, Werner, The Invention of Ethnicity (New York: Oxford University Press, 1989).Google Scholar

17 Nous empruntons ici directement à l'article de Singer, Brian C. J., « État-Nation: interrogation sur un trait d'union », Société (Montréal) 14 (1995), 108–09.Google Scholar

18 Nous sommes parfaitement conscients du fait que l'étude de la production du sens commun au sein d'une société devrait s'appuyer sur une théorie des médias généralisés (au sens luhmannien du terme), laquelle incorporerait une discussion portant sur les mécanismes de régulation normative, les épistémé, etc. On comprendra qu'il s'agit là d'un projet intellectuel qui dépasse amplement l'objet du présent texte.

19 Renan, Ernest, Qu'est-ce que la nation? et autres essais politiques, présentation de Joël Roman (Paris: Presses Pocket/Agora, 1992 [18701882]).Google Scholar

20 Formulation tirée de Koselleck, Reinhardt, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques (Paris: Éditions de l'ÉHÉSS, 1990), 195.Google Scholar

21 Ricoeur, Paul, « Histoire et rhétorique », Diogéne 168 (octobre-décembre 1994), 926.Google Scholar Voir aussi ses ouvrages fondamentaux intitulés Temps et récit (Paris: Seuil, 1985–1988). Voir enfin le livre de Carr, David, Time, Narrative and History (Bloomington: Indiana University Press, 1986).Google Scholar

22 Projet de loi no 1, Loi sur l'avenir du Québec, préambule: Déclaration de souveraineté. D'autres citations apparaissant plus loin dans l'article sont tirées de ce même document.

23 Formulations tirées de Lalonde, Sur Niklas Luhmann, 8, commentant lui-même les travaux de N. Luhmann.

24 Levine, Lawrence, « The Folklore of Industrial Society: Popular Culture and Its Audience », American Historical Review 97 (1992), 1369–99.CrossRefGoogle Scholar

25 Cornellier, Louis, « Plaidoyer pour l'idéologie tabarnaco », Le Devoir, 4 juillet 1996Google Scholar; voir aussi, du Auteur, Même, « Notre roman tabarnaco », Le Devoir, 23 avril 1996Google Scholar, et « Ma langue maternelle », Le Devoir, 27 octobre 1996. Pour une réplique, voir Arriaga, Gonzalo et Normandeau, Éric, « Vous avez dit québécitude? » Le Devoir, 28–29 septembre 1996.Google Scholar

26 « Nous sommes tous distincts. Heurs et malheurs d'une formule définitionnelle », dans Fall et al., Mots, représentations, 251–281.

27 Dans un article récent publié en primeur dans le quotidien Le Devoir, 30 octobre 1996, A-11, Jacques Parizeau éerivait: « Alors qu'en est-il du peuple québécois? Il est constitué essentiellement de francophones (quelle que soit leur origine) qui partagent une culture qui leur est propre. Des minorités s'y ajoutent et ont indiscutablement enrichi la culture québécoise. À part les autochtones qui forment des nations distinctes, Canadiens anglais de souche ou immigrants de diverses dates, s'ils cherchent, dans leur presque totalité, à demeurer canadiens, une fois la souveraineté réalisée, ils devraient s'intégrer, et à leur rythme, au peuple québécois. Est québécois qui veut l'être ».

28 Le déménageur est celui dont le métier est de faire des déménagements. Le « déménagier » est celui qui, peu importe le motif, change fréquemment de logement.

29 Voir à ce sujet « Qui nous sommes? Anatomie d'une société distincte », Publié, Sondage et commenté dans L'actualité 17 (janvier 1992), 1953.Google Scholar

30 Formulation empruntée à Singer, État-Nation, 111.

31 Propos rapporté par la Presse canadienne et reproduit dans Le Devoir (« Larose écorche Bouchard »), 13 juin 1996, A-2.

32 « Comment peut-on être Québécois pure laine? » Le Devoir, 7–8 septembre 1996.

33 Pour un exemple de propos semblables, voir ibid.

34 Colloque annuel de la Société québécoise de science politique, Congrès de l'ACFAS, Université McGill, Montréal, 17 mai 1996. Par égard envers le collègue, dont l'oeuvre et la pensée ne peuvent tout de même pas être réduits à cet « égarement passager », lapsus de fatigue sans doute (sic), nous tairons son nom. Le lecteur ne devra toutefois jamais douter de notre scrupule à rendre exactement l'énoncé comme il fut dit.

35 Cette position sous-tend implicitement l'argumentation développée par Cornellier dans ses articles cités. L'idée selon laquelle il existe des Québécois qui refusent d'assumer le legs de leur condition identitaire, et done qui déclinent l'obligation de se reconnaître comme partie constituante d'un peuple ou d'une nation colonisée, aliénée et opprimée par les Anglais, est l'une des plus persistantes dans le débat qui anime l'espace public québécois. Il a resurgi récemment à l'occasion de la publication d'un document portant sur l'enseignement de l'histoire au Québec, document considéré par des intervenants comme ne mettant pas suffisamment l'accent sur l'idée de nation québécoise. À ce sujet, voir notamment Josée Legault, « Histoire d'exister », Le Devoir, 17 juillet 1996; Jacques Dagneau (réponse critique à J. Legault), « Une vision dépassée de l'histoire », Le Devoir, 29 juillet 1996; et Richard, Béatrice, « Se souvenir et devenir, ou oublier et disparaître? » Le Devoir, 25 août 1996.Google Scholar

36 Bourgault, P., « Mon pays contre une subvention », Le Devoir, 25 octobre 1994Google Scholar, A-6.

37 Milot, Pierre, « Le Québec n'est pas l'Irlande du Nord! » Le Devoir, 13 août 1996.Google Scholar

38 Perrier, Luc, « Les fossoyeurs fédéralistes », Le Devoir, 31 août-ler septembre 1996.Google Scholar

39 Legault, Josée, « …Mais oui, le Québec est une nation », Le Devoir, 22 août 1996.Google Scholar Nous n'avons aucune raison de croire que J. Legault, en parlant d'histoire, établit la distinction que nous avons faite plus tôt entre cette notion et celle de passé Pour elle, dans cet énoncé tout au moins, l'histoire c'est le passé.

40 Par pré-texte, néologisme jouant sur la signification propre du terme et sur le sens accordé au mot texte par le courant constructiviste, nous entendons ce qui fonde a posteriori, ce qui appelle maintenant et ce qui pronostique a priori l'entité désirée.

41 Pour une position semblable, voir l'article de Dassas, Véronique, Hentsch, Thierry, Cadotte, André, Maffezzini, Ivan et Morf, Nicole, « À propos de la question nationale », Conjonctures 16 (printemps 1992), 5.Google Scholar

42 Idée empruntée à Christopher McCall.

43 Nous nous inspirons ici des textes de Noiriel, Gérard, « L'histoire culturelle aujourd'hui. Entretien avec Roger Chartier », Genèses 15 (1994), 115129CrossRefGoogle Scholar, et de Jacques Revel, « L'histoire au ras du sol », préface à l'ouvrage de Levi, Giovanni, Le pouvoir au village. Histoire d'un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle (Paris: Gallimard, 1989).Google Scholar

44 Heureuse formule, à laquelle nous adhérons, et qui fut employée par Bernard Lepetit, « Histoire des pratiques, pratique de l'histoire », dans Les formes de l'expérience, 9–22.

45 Pour une position analytique semblable, développée en regard du concept de classe toutefois, voir Eley, Geoff, « De l'histoire sociale au “tournant linguistique” dans l'historiographie anglo-américaine des années 1980 », Genèses 7 (1992), 188.CrossRefGoogle Scholar

46 Ibid., 189. Cette façon de poser la question est aux antipodes de la perspective préconisée par Dumont dans sa Genèse de la société québécoise.

47 Ibid., s'appuyant lui-même sur le propos de Chantal Mouffe.

48 Formulation empruntée à Eley, qui parle toutefois, répétons-le, de classe plutôt que de nation.

49 Propos rapporté dans Le Devoir, 13 mars 1996, A-1.

50 Hébert, Michel, « L'économie avant la souveraineté », Le Devoir, 4 juin 1996Google Scholar, A-l. De tels énoncés de la part d'un acteur, en ce cas-ci le premier ministre du Québec, ne sont toujours que partiellement indicatifs de la complexité de sa pensée. Loin de nous l'idée d'avancer que Lucien Bouchard, puisque c'est de lui qu'il s'agit, croit en une quelconque destinée historique. Nous l'ignorons et, de toute façon, là n'est pas la question. Il suffit qu'il ait prononcé ces phrases pour plaire aux uns et se ménager les autres, pour établir son territoire politique et composer son personnage—peu importe au fond la raison—pour que l'on doive en tenir compte comme d'un énoncé tuteur à partir duquel une pléiade d'autres énoncés vont se développer et ainsi remplir de contenu énonciatif un champ discursif dans lequel baignent les acteurs et avec lequel contenu ils bâtissent leur univers référentiel d'interaction symbolique et dialogique.

51 Perspective et formulation empruntées à Bernard Lepetit, « Le présent de l'histoire », dans Lepetit, dir., Les formes de l'expérience, 274.

52 À ce sujet, voir Maurizio Gribaudi, « Les discontinuités du social. Un modèle configurationnel », dans Lepetit, dir., Les formes de l'expérience, 224.

53 Lepetit, « Histoire des pratiques », 19.