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Le pluralisme juridique comme orthodoxie de la science du droit

Published online by Cambridge University Press:  02 January 2013

Jean-Guy Belley
Affiliation:
Faculté de droit, Université McGill, Montréal (QC),jean.belley@mcgill.ca

Abstract

In this article Jean-Guy Belley examines the dichotomy between individuals and organizations, considered explicitly in connection with the development of the idea of legal pluralism. This idea—not the concept, which came later—had appeared in the early twentieth century, thanks to militant jurists who challenged the dominance of formal positivism and had an interest in legal sociology and anthropology. Their approach fitted in with legal realism (broadly understood), but specifically questioned the central role of the state in the production of law. That initial form of legal pluralism fuelled the renewal of legal thinking and fostered the development of the sociology of law, but it did not lastingly challenge the dominant status of positivism among jurists. In contrast, the “new legal pluralism” that has been rapidly growing in the last decades presents itself as new legal orthodoxy: paradoxically, the idea of legal pluralism, which originally illustrated the quest for intellectual emancipation from the formalist straitjacket (perhaps even emancipation of social life vis-à-vis the state), has turned into a new orthodoxy in the second era of modernity. That legal doctrine is clearly in harmony with the impersonal domination of private legal orders (especially of large economic organizations) over contemporary society.

Résumé

Jean-Guy Belley se centre ici sur l'opposition individus/organisations, en la rattachant aux transformations de l'idée de pluralisme juridique. L'idée—mais non le concept, plus tardif—apparaît au début du XXème siècle, forgée par des juristes contestataires opposés au positivisme formaliste alors dominant, et attirés par la sociologie et l'anthropologie du droit. Cette démarche s'inscrit dans la mouvance du réalisme juridique, mais avec la particularité de remettre en question la centralité de l'État dans la production des règles de droit. Ce premier pluralisme juridique va contribuer au renouveau de la doctrine et favoriser le développement de la sociologie du droit, sans toutefois parvenir à ébranler durablement la position dominante du positivisme chez les juristes. Par contraste, le « nouveau pluralisme juridique » a vocation à s'ériger en nouvelle orthodoxie du droit: paradoxalement, l'idée de pluralisme juridique, née d'une recherche d'émancipation intellectuelle par rapport au carcan du formalisme (et parfois d'émancipation de la vie sociale elle-même par rapport à l'État), s'est transformée dans le cadre de la seconde modernité en nouvelle orthodoxie, celle d'une doctrine du droit en phase avec la domination impersonnelle qu'exercent sur la société contemporaine les ordres juridiques pluriels, lesquels émanent des grandes organisations, économiques en particulier.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Law and Society Association 2011

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45 Dans son texte de présentation du dossier spécial consacré à lœuvre de Niklas Luhmann, André-Jean Arnaud ramène ainsi la théorie autopoïétique à «l'étude du système en relation avec son environnement, l'adéquation du droit à la société» (p. 12). Voir «Aux racines sociales du droit: variations autour de quelques thèmes luhmanniens», (2001) 47 Droit et Société 9182Google Scholar.

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52 Le contrat n'a pu acquérir ce statut qu'en prenant ses distances avec la vision classique qui le rattachait exclusivement à la sphère économique et ne lui faisait sewir qu'une fonction de coordination marchande. La théorie et la pratique du contrat relationnel réalisent cette émancipation en montrant que son instrumentalisation se constate dans une grande variété de contextes d'action extérieurs à la sphère économique et que le contrat y réalise des fonctions matérielles et symboliques qui remettent à l'honneur des formes contractuelles oubliées (traité, concordat, pacte d'alliance, contrat-statut, contrat social, contrat moral …). Sur la pluralisation contemporaine des fonctions du contrat, voir: Belley, Jean-Guy, Le contrat entre droit, économie et société, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 1998, p. 197287Google Scholar; du même auteur, «Théories et pratiques du contrat relationnel: les obligations de collaboration et d'harmonisation normative», dans Conférence Meredith Lectures 19981999Google Scholar, La pertinence renouvelée du droit des obligations, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 2000, p. 137157Google Scholar; voir aussi Gunther Teutner, «Contracting Worlds: The Many Autonomies of Private Law», op. cit., note 12; pour une étude critique, voir Coutu, Michel, «Contrat et auto-référence en droit suivant Gunther Teubner: une «méprise constructive »?», (1998) 40 Revue interdisciplinaire d'études juridiques 146Google Scholar.

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54 «Dans le phénomène du praticisme se réunissent toutes les mobilisations qui marquent la physionomie de la modernité dans les domaines économique, technologique, scientifique, militaire, juridique, informatif »: Peter Sloterdijk, op. cit., note 38, p. 206. Sur la fonction normative des «pratiques sociales», voir Jean-François Perrin, Pour une théorie de la connaissance juridique, op. cit., note 17, p. 133–138 et Sociologie empirique du droit, op. cit., note 16, p. 116–127.

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59 La déviance des individus s'exerce aussi, parfois ouvertement, dans les interstices de la juridicité organisationnelle ou interorganisationnelle. Voir à ce sujet l'exemple analysé par Ellickson, Robert C., Order without Law. How Neighbours Settle Disputes, Cambridge, Harvard University Press, 1991, p. 258264Google Scholar («the lawlesness of academic photocopying»).

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70 Voir à ce sujet, Gurvitch, Georges, Dialectique et sociologie, Paris, Flammarion, 1962, p. 258Google Scholar et s. S'il est vrai que les rapports actuels entre les psychismes obéissent à une dialectique d'antinomie plutôt que d'implication mutuelle, on pourrait y voir une manifestation du nouveau genre d'alienation que Gurvitch appréhendait dans des Sociétés où les œuvres de civilisation (notamment le droit) ne dominent plus les techniques mais sont au contraire dominees par elles (p. 271–272).